Marketing Social et Entrepreneuriat Social pour le Changement Comportemental et Social dans la Gestion des Déchets en Afrique
Ce Colloque international, interdisciplinaire et interculturel vise à rassembler des chercheurs, des conférenciers, des acteurs politiques et économiques et des organisations de la société civile africaine, pour partager les expériences et réflexions, afin de co-créer des modèles globaux innovants de gestion responsable des déchets adaptés à la grande variété des contextes africains, tout en impliquant activement tous les acteurs de la société, coordonnés par les autorités d’entités locales décentralisées, et en développant des modèles, les méthodes et stratégies d’entrepreneuriat social, ainsi que de marketing social pour un changement de comportement dans la gestion des déchets et pour un avenir plus durable.
Une gestion responsable des déchets adaptée à la grande diversité des contextes africains.
Développer des modèles, des méthodes et des stratégies de marketing social basées sur l'entrepreneuriat social.
Changement de comportement dans la gestion des déchets pour un avenir plus durable.
La population urbaine africaine s’accroît avec un taux annuel de 3,58 %, le taux le plus élevé au monde, et selon les estimations de la commission économique des nations unis pour l’Afrique (elle passera de 1,276 milliards (2018) à 2,5 milliards (2050) UNCEA, 2024)[1]. L’évolution des habitudes de consommation entraîne une augmentation de la production de déchets. En 2016, par exemple, l’Afrique subsaharienne a produit 174 millions de tonnes (Mt) de Déchets Solides Ménagers(Banque Mondiale, 2018) . Selon les estimations de l’African Clean Cities Platform, la production de déchets atteindra 244 Mt en 2025[2]. Certaines estimations prévoient un triplement de la production annuelle de déchets en Afrique subsaharienne, passant de 174 millions de tonnes en 2016 à 516 millions de tonnes en 2050 (Assè-Wassa Sama, 2023)[3]. Dans la plupart des pays africains, le taux de collecte est peu élevé estimé à 55 % ; les déchets non collectés sont rejetés dans la nature. Par ailleurs, le taux de recyclage reste bas en raison de l’absence de tri des déchets et de traitements intermédiaires, et leur élimination finale anarchique menace la salubrité des villes et la santé des populations (JICA, 2022).
Les politiques en place pour une gestion durable des déchets ont un impact insuffisant face à la hausse de la production des déchets et aux émissions de gaz à effet de serre qui en découlent (Ngambi, 2015 et 2018 ; Assé-Wassa sama, 2023) avec des conséquences aussi bien sur l’environnement que sur la santé des populations (Boudra, 2020). Selon les données épidémiologiques du Ministère de la santé publique du Cameroun, en 2019, les maladies liées à l’hygiène sont les 5 premiers motifs de consultation et d’hospitalisation dans toutes les régions du pays (Minsanté, 2019)[4]. De même, les résultats d’une étude menée en Côte d’Ivoire que les ménages déversant leurs ordures solides dans la rue sont plus exposés à la diarrhée et au paludisme contrairement à ceux qui utiliseraient les services d’un agent de pré-collecte (Koné-Bodou et al 2019). Cette problématique représente donc un défi immense pour le continent.
Sur le terrain de l’action, des campagnes de communication pour le développement sont souvent menées par les collectivités territoriales et les différentes parties prenantes impliquées pour inciter les populations aux bonnes pratiques en matière de gestion des déchets, seulement l’observation des immondices de plus en plus croissants dans les cités urbaines donne à déduire que les comportements suggérés aux populations ne sont pas effectivement pratiqués (Djadeu, 2024).
A côté des collectivités territoriales, plusieurs organisations (PME, TPME et organisations de la société civiles) investies dans l’entreprenariat social, mettent en œuvre différentes actions disparates et dispersées pour collecter et transformer des déchets recyclables en sources de richesse (Abossolo et Issepe Mawo, 2022 ; Bidoung, Fomethe, Yantio et Melo 2007 ; Djadeu, 2019 ; Mbiadjeu-Lawou et al., 2020).
Les populations quant à elles expriment pour certains, la volonté de pratiquer le tri sélectif de leurs déchets ménagers à condition que leur soit clairement indiqué comment le faire et où s’en débarrasser. Malgré les efforts des gouvernements et des entrepreneurs sociaux, la gestion responsable des déchets en Afrique subsaharienne demeure un défi d’actualité majeur pour les collectivités territoriales décentralisées (Arrey & Loumou Mondoleba,2021 ; Bessala Ngoma,2003).
Pour envisager l’efficacité de la gestion responsable et durable des déchets ménagers, les travaux de recherche s’accordent sur la nécessité de l’implication effective et coordonnée de toutes les parties prenantes de la société (Deleuil, 2004 ; Djadeu, 2024 ; Ngambi,2016 ; Mbiadjeu-Lawou, 2019 ; Rumpala, 1999 ; Tarrisse-Vicard, Le Conte, Aznar, Antoni, Ferzli, et Gouet, 2013 ; Vaillancourt,. Séguin, Maheu, et Cotnoir, 2000).
Dans cette optique, les perspectives qu’offrent l’approche marketing social pour contribuer à faire évoluer nos sociétés et les comportements dans la construction d’une société plus épanouissante pour tous pourraient être capitalisées (Djadeu et Coulibaly, 2024 ; Gallopel-Morvan et Crié, 2022)
L’ambition de cette rencontre scientifique est de réunir les chercheurs, acteurs politiques, économiques et organisations de la société civile africaine pour un partage d’expérience et de réflexions afin de proposer un modèle de gestion globale responsable des déchets adaptés au contexte africain impliquant toutes les parties prenantes de la société coordonnée par les collectivités territoriales décentralisées. Autrement dit, il s’agit de créer un cadre de recherche collaborative et partenariale favorisant une dynamique de participation de tous et toutes au profit du développement de l’Afrique.
Ce colloque se veut délibérément pluridisciplinaire : sciences de la communication, sciences politiques, économie et sciences de la gestion, sociologie, anthropologie, psychologie, histoire politique et sociale, géographie, linguistique (appliquée), sociolinguistique, sémiotique, lettres/littératures, arts et théâtre, (socio)didactique des langues et cultures, sciences de l’éducation, sciences administratives, système d’information, droit, etc.
Plus concrètement, il s’agit d’apporter des réponses concrètes aux questions ci-après :
Les principaux objectifs de ce colloque international et pluridisciplinaire sont :
Les contributions peuvent s’inscrire dans les axes de réflexions suivants :
L’entrepreneuriat social dans la gestion des déchets est pratiqué sous au moins trois formes : précollecte, tri et recyclage des déchets ménagers. Les acteurs de ces secteurs respectifs contribuent à l’économie circulaire des déchets (Ngambi, 2018 ; Mbiadjeu-Lawou et al., 2023) et à la lutte contre le réchauffement climatique à leur manière. Cependant, en plus d’être exposé à certaines maladies liées à des conditions insalubres, la rentabilité économique et la sécurité sociale de ces dernières ne sont pas toujours garanties. Les contributeurs à cet axe devront répondre aux questions suivantes :
Depuis les ménages jusqu’aux points d’élimination des déchets, plusieurs acteurs interviennent dans la chaîne des déchets et leurs implications respectives seraient complémentaires dans la perspective de la gestion écologique des déchets ménagers (Ngambi, 2018 ; Mbiadjeu-Lawou et al., 2023 ; Mbiadcjeu-Lawou, 2019) si elles étaient coordonnées à cette fin (Djadeu, 2024). En réalité, si certaines collectivités locales décentralisées travaillent avec les entrepreneurs sociaux de ce secteur pour offrir aux populations des comportements suffisamment accessibles, d’autres sont déployées de manière dispersée, réduisant ainsi les chances d’accessibilité des comportements suggérés et par conséquent leur adoption par les populations. Les contributions de cet axe pourraient donc répondre aux questions suivantes :
Afin de lutter contre les mauvaises conditions sanitaires dans les villes africaines, des campagnes de sensibilisation sont menées pour éduquer les populations. Grâce à ces campagnes, des bonnes pratiques de gestion des déchets ménagers leur sont suggérées. Seuls certains comportements sont difficiles à pratiquer en raison du coût relativement élevé (effort physique ou psychologique) qu’ils pourraient générer, ou en raison de l’indisponibilité de la logistique susceptible de rendre le comportement plus accessible aux cibles. Les contributions de cet axe pourraient donc analyser des campagnes de sensibilisation sur la gestion des déchets ménagers afin d’identifier les comportements promus et de questionner leur pertinence et faisabilité par rapport à la situation socio-économique des populations concernées
Mieux analyser la chaîne de gestion des déchets ménagers et identifier les limites et faiblesses qui peuvent être corrigées. Les contributions de cet axe porteront sur la remise en question des différents dispositifs pratiques et logistiques mis en place par les collectivités locales décentralisées et les acteurs concernés pour faciliter l’accès des ménages aux bonnes pratiques en matière de gestion des déchets.
L’incivilité des populations est souvent présentée comme l’une des principales causes d’insalubrité en Afrique (Lynda Louifi, 2023 ; Nogo Edongo & Tchuikoua, 2018 ; Mamadou Sene, 2019). Cette ligne de réflexion vise à interroger les raisons de ce qu’on appelle l’incivilité des populations dans la gestion des déchets ménagers. Sur la base de l’enquête auprès des populations et des ménages, les contributions devront donc répondre à la question centrale :
Ateliers et atelier de restitution pour la modélisation d’un système efficace de gestion des déchets en Afrique En plus du symposium, des ateliers seront organisés pour les participants et un atelier de restitution aura lieu le dernier jour de la conférence. Il réunira les autorités locales décentralisées et les différents acteurs impliqués dans la gestion des déchets pour partager leurs expériences à travers des panels et une session dédiée à la validation d’un modèle efficace de gestion responsable des déchets en Afrique.